ROMÉO && ROXANE.
so lately been wondering, who will be there to take my place? when i'm gone, you'll need love...

Et voilà, j'étais de retour à Nouméa... Pourquoi avais-je accepté ce maudit contrat encore, moi? Ah oui juste: une opportunité pareille ne se refusait pas... Je revoyais encore Emylya me citer toutes les raisons pour lesquelles je devais prendre ce job. Et quand je lui avais opposé le fait que Roxane habita là bas, elle avait simplement balayé l'argument d'un revers de la main en m'exposant les faits le plus simplement du monde. « Si tu fais attention, il y a moyen que tu ne la croises pas. Et puis elle est mariée aux dernières nouvelles- bien que cela ne t'ait jamais arrêté, note. Mais là toi aussi tu es fiancé. Bon ok, ça ne t'a jamais arrêté non plus. Mais là, ta magnifique fake fiancée va faire une exception et se pendre à ton bras. Je serai la couverture parfaite. Comme pour tes parents... Simple comme bonjour, non? » Et voilà comment d'un joli sourire angélique et d'un léger baisé, cette petite peste avait réussi à m'emboniner et à faire en sorte que je la prenne avec moi. Elle avait l'art et la manière cette fille, je vous jure... Je n'étais, pourtant, pas dupe et savais pertinemment que sous ses faux airs de " Je tiens absolument à t'aider!", se cachait surtout une douce odeur de " Je veux assouvir ma curiosité et voir en chair et en os celle qui a su faire flancher le grand Roméo! ". Un sourire attendrit flottait sur mon visage, tandis que je la regardais s’affairer dans notre suite à l’hôtel. La petite garce. Face à l'agitation de ma complice de toujours, mon découragement grandissant pesait de plus en plus sur mes épaules. Il fallait que je m'occupa l'esprit... Une fois n'étant pas coutume, je décidai de mon propre chef de noyer mes pensées dans le travail. Sortant donc le projet de mon attaché-case, je m'installai au bureau et commençai à m'y mettre. Au bout d'une demi heure de concentration intense, je m'octroyai une petite pause bien méritée et allai me servir un bon verre de whiski. Alors que je savourais ce dernier, je me rendis compte que notre suite était calme, beaucoup trop calme. Mais que diable mijotait donc encore Emylya? Cette fille était une enfant née, et on ne pouvait décemment la laisser seule une seule seconde. Bon ok, je n'étais pas très mature non plus en temps normal... Mais cette journée bizarre me donnait l'impression d'avoir 20 ans de plus et de ressembler à mon père. L’horreur, putain! « Emy-Jolie? » Un sourire mesquin flotta sur mes lèvres tandis que j'imaginais parfaitement la réaction de ma "fiancée" qui détestait que je l'appela de la sorte. « T'as de la chance d'être diablement sexy, parce qu'autrement je t'aurais déjà fait subir milles morts, depuis le temps qu'on se connait... » Elle avait chuchoté ces mots à mon oreille, arrivant derrière moi. Et pendant que ses mains baladeuses jouaient avec les boutons de ma chemises, mon sourire s'étira d'autant plus... Elle était d'humeur joueuse? Très bien, j'avais de toute façon bien besoin de décompresser, de ne plus penser. De quelque manière que ce soit. Joignant l'acte à la parole, je me retournai et la soulevai aussi facilement qu'une poupée de chiffon, afin de l’amener dans la chambre... Du plus loin que je me souvenais, ma relation avec Emy avait toujours été compliquée... Un jour on était les meilleurs amis du monde, l'autre, on ne pouvait plus se voir en peinture, et le troisième, on baisait ensemble. Parfois par ennuis, d'autres fois par manque de sécurité, ou simplement envie de mettre un peu de piquant dans notre vie... La plupart du temps elle m'énervait, me torturait. Mais je ne pouvais me passer d'elle... Elle était ma meilleure amie, ma confidente, mon tout... La deuxième femme la plus important de ma vie. Après Roxane, bien sur. Tout passait toujours après Roxane... Mais ça n'était pas le moment d'y penser... Non, là j'avais bien de me noyer dans un tourbillon de volupté avec Emylya. Quoi de mieux que la chair d'une femme pour en oublier une autre? Je vous le demande.

Il était près de dix-huit heures quand je me réveillai. Qu'est ce que j'avais pu bien dormir après notre partie de jambes en l'air. C'te grosse feignasse dormait encore, complètement nue, d'ailleurs. Bordel ce qu'elle pouvait être bandante cette fille. Et le pire, c'est qu'elle en avait toujours été consciente. Et tandis que je m'apprêtais à la réveiller doucement, afin de réitéré nos folies, un autre parfum me rappela à l'ordre... Une odeur venue d'un autre temps, comme sortie d'un rêve. Roxane. Je n'avais plus envie de tout, tout d'un coup. Mais merde! Pourquoi fallait-il qu'elle continua de me hanter aujourd'hui encore? Amer et déçu, j'enfilai mes vêtements et sortit de l'hôtel- dents et poings serrés. J'avais besoin de prendre l'air. Me dirigeant vers la jetée, je laissai vagabonder mes idées et pensés, sans tenter de les capter au vol ou de les comprendre. Le bruit des vagues venant se fracasser contre les rochers de la jetée finit de mettre mon cerveau en veilleuse. C'était très reposant, exactement ce dont j'avais besoin. Ce dont je n'avais vraiment pas besoin en revanche, ce fut le tour que le destin me joua quelques minutes après mon arrivée sur la plage. J'avais lu, un jour, que Dieu était un mioche cruel. Et bien, en cet instant précis, j'étais bien d'accord avec l'auteur de ces paroles bon sang. Là, quelques mètres plus loin, se tenait Roxane. L'incarnation même d'un ange inaccessible. Le couché de soleil avait enflammé sa chevelure et la rendait encore plus belle et irréelle que dans mes rêves... Pourquoi avait-il fallu que je croise son chemin? Pourquoi? Emylya allait m'entendre! Elle qui avait prétendu que je ne tomberais surement pas dessus... Et alors qu'un raz de marée de sentiments, d'interrogations et d'incertitudes enfouis refaisait surface en moi, je pris un air décontracté. L'air espiègle, j'avançai vers elle; luttant contre la furieuse envie de la prendre et de la serrer dans mes bras. Non, il fallait que je me comporta en adulte responsable, une fois n’étant pas coutume. « Roxane.. Si j'avais su que je te croiserais ce soir, je me serais fait beau... Comment vas-tu princesse? » Il ne fallait surtout pas que je craque.. Cacher mes sentiments derrière un masque espiègle, ça je savais faire... Je l'avais toujours fait, adolescent, quand je encore cachais mes frasques. Je pourrais bien recommencer... Ne serait-ce que pour son bien à elle.

ROMÉO && ROXANE.
you tell me that you need me, then you go and cut me down. But wait... you tell me that you're sorry; didn't think i'd turn around...

J'avais toujours su lire en elle comme dans un livre ouvert; cacher ses sentiments et émotions n'était vraiment pas son fort. Aujourd'hui encore, rien n'avait réellement changé. Je pouvais toujours capter parfaitement ses états d'âme. Bizarrement, cette constatation me fit tout drôle. Non, nous n'avions plus rien en commun... Et aujourd'hui encore, je comprenais tout d'elle. Peut-être?... Non, je ne devais pas me laisser aller à un espoir inutile... Bref, alors que le rouge montait aux joues de ce petit brin de femme qui me faisait face, j'affichai un sourire plus qu'amusé, mais également attendrit. Le sourire qui lui avait toujours été dédié exclusivement. Aucune autre femme n'avait jamais eu droit à ce sourire, seule elle. Mais, elle était spéciale après tout. « Qu'est-ce que tu fiches ici, Roméo ?! » Ses yeux lançaient des éclairs et elle pointait un doigt rageur sur mon torse. Le rouge avait définitivement prit possession de joues... Ainsi que de son nez et de ses lèvres pincées. Se rendait-elle compte à quel point elle pouvait être adorable? Les yeux pétillants de malice, je lui répondis joyeusement. « Et bien... C'est une longue histoire... Si tu as le temps, je serais heureux de t'expliquer tous les détails! » En fait, ce n'était pas très long de dire: " Je suis ici pour affaire". Mais quelque chose en moi me poussait à piquer sa curiosité... Je ne voulais pas la laisser filer aussi facilement, or si je ne faisais rien: ce serait exactement ce qui se passerait. Oui je savais que je n'étais qu'une pauvre loque, esclave de cette femme... Ce mirage... Mais, bordel ce qu'elle m’avait manqué. Personne avant elle ne m'avais fait me sentir aussi vivant, et personne après non plus. Moi qui m'était promis de ne jamais tomber amoureux plus jeune... C'était bien raté. Mais je m'en foutais royalement au fond, de mes résolutions d'adolescent débile. Tout ce que je voulais, c'était me sentir complet à nouveau, avec elle. Or, je savais pertinemment que plus rien ne se passerait entre nous. Mais peu m'importait: lui parler et la voir heureuse était amplement suffisant. Même la voir dans les bras de son pompier ne me gênerais plus... Enfin, pas trop souvent non plus hein! Fallait pas exagérer. Tant pis si je devais souffrir; la joie de la voir comblerait tous les inconvénients. Et puis maintenant... J'étais fiancé! J'avais l'excuse imprenable... Et alors que je me perdais dans mes plans et mes bonnes résolutions, Roxane fit une chose à laquelle je ne m'attendais pas le moins du monde. Une chose qui réduisit toutes mes bonnes intention à néant. Elle me serra de ses petits bras fragile, avec toute la force dont elle était capable- autant dire pas grand chose par apport à moi. « T'as pas le droit de revenir... Pas après deux ans... » Sa voix s'était brisée sur les dernières syllabes. Et tandis qu'elle enfouissait son visage contre mon torse, un frisson me parcouru l'échine. J'étais comme électrisé... Doucement, alors que je réalisais à peine, mes bras vinrent se refermer sur ses frêles épaules. Et ce que je m'étais interdit depuis deux ans déjà déferla sur moi comme une avalanche destructrice: l'espoir. Tous ces longs mois passés à me reconstruire, à ne plus y penser, ne plus espérer... Tout ça n'avait plus d'importance. « Et toi, t'as pas le droit de jouer avec moi comme ça... » Cette phrase était mesquine, je le savais. Mais putain: elle l'avait choisi lui, et pas moi. Pourquoi me prendre ainsi dans ses bras dans ce cas? Pourquoi? Quelque part, tout au fond, je lui en voulais toujours de ne pas m'avoir suivi, d'avoir préféré le confort à l'aventure. D'une voix rauque j'ajoutai: « Je ne peux pas princesse... Je ne peux plus... » Pourtant, alors que je prononçais ses paroles, mes bras la serrèrent un peu plus fort, de peur qu'elle ne s'échappe. Oui je savais pertinemment que j'étais contradictoire, et alors? Cette fille me faisait perdre la tête.