✈ somebody to love.
« Maman, on est rentrées ! » La petite fille que j’étais criait à tue-tête dans le hall d’entrée de la maison. Lillith fermait la porte pendant que je jetais mon sac sur le sol.
« Maman t’a déjà dit de ne pas jeter tes affaires. » Ah celle-là, toujours à me réprimander ! Je lui tirais la langue sans répondre, puis je courais dans le salon où j’espérais voir maman. Quand on rentrait de l’école, Lillith et moi, elle était soit dans le salon à regarder la télévision, soit dans la cuisine parce qu’elle adorait faire à manger. Et Lillith et moi, on adorait dévorer ses gâteaux et tout ce qu’elle préparait ! C’est toujours super méga trop bon !
« Bouh maman ! » Hurlais-je en sautant à pieds joints à l’entrée du salon. Mais il n’y avait personne.
« Maman ? » Bah, elle devait être dans la cuisine.
« La dernière qui trouve maman est une poule mouillée ! » Criais-je à ma grande sœur en courant à toute vitesse jusqu’à la cuisine.
« Toi t’es qu’un calamar de toute façon ! » Me répondit Lillith en arrivant presqu’au même moment que moi dans la grande pièce. Mais il n’y avait personne.
« Mais, elle est où maman ? » Lillith haussa les épaules. Et puis elle attrapa une feuille qui était posée sur la table. Il se passa quelques instants durant lesquels je vis ses yeux s’agrandir, mais elle ne dit rien.
« Quoi ? » Mais elle ne me laissa pas voir le morceau de papier. Au lieu de ça, elle courut jusqu’au téléphone, composa un numéro et s’exclama dans une voix tremblante lorsque son interlocuteur eut décroché.
« Papa… faut que tu rentres ! Maintenant… s’il te plait… » « Qu’est-ce qu’il se passe Lith ? » Elle raccrocha et me sourit chaleureusement, puis elle me prit dans ses bras et m’embrassa sur le front.
« Rien, viens on va goûter. » Et elle ne voulut rien me dire de plus…
Papa arriva environ une demi-heure plus tard, complètement affolé par l’appel de Lillith. Nous, on terminait de goûter en regardant des dessins animés. Quand il est arrivé, Lillith s’est levé et l’a embarqué dans la cuisine, loin de moi en fait. Elle se prenait pour qui pour me mettre à l’écart comme ça ? Je me suis approchée discrètement, sans me faire voir ni me faire entendre.
« Julia l’a-t-elle vu ? » Il y eut un blanc, j’imagine que Lillith hocha simplement la tête.
« Bien, parfait. Je suis désolé que tu ais dû faire face à ça toute seule. Je n’étais moi-même pas au courant. Je ne sais pas ce qui a pris à maman de partir comme ça… » « Maman est partie ??? » Pour la discrétion, c’est loupé. Je venais de bondir dans la cuisine, les poings serrés sur les hanches, les sourcils froncés, la mine ébahie, la bouche grande ouverte.
« POURQUOI ?? » Papa me jeta un regard désolé et fit quelques pas vers moi pour me prendre dans ses bras.
« NON ! J’veux savoir pourquoi elle est partie ! » « Ma chérie… » « POURQUOI ?? » Je me reculais, voulant éviter tout contact physique. Il baissa la tête et la secoua légèrement, l’air totalement désolé.
« LA VIE EST NUUUULLE !!! » Hurlais-je alors avant de monter quatre à quatre dans ma chambre et de claquer la porte. Vous savez le plus drôle ? J’avais dix ans, j’étais une petite fille charmante, j’aimais tout le monde, je pensais tout le monde gentil, j’adorais le rose, je trouvais les poussins trop mignons… et ma mère, en nous abandonnant, a réussi à me détruire complètement.
Aujourd’hui était un jour comme un autre, une journée de merde parmi tant d’autres. Pardonnez-moi d’avance mes propos déplacés ou incorrect, je suis en pleine crise d’adolescence. C’est ce que je réponds constamment dès que quelqu’un me demande pourquoi je suis si insolente, ou chipie.
« Je suis en pleine crise d’adolescence. » Généralement, ils me regardent bêtement, ouvrent la bouche, la referme, ne savent pas quoi dire. Rares sont les jeunes de quinze ans qui se prétextent en pleine crise. Ils préfèrent hurler que personne ne les aime et que la vie est un ramassis de conneries et d’injustices. Ces gamins-là, j’en ai rien à foutre. La vérité c’est que je n’ai plus quinze ans, j’en ai dix huit. Mais cette phrase a le mérite de fermer leur caquet, et je gagne la tranquillité. Bref, donc pour dire qu’après ma longue et interminable journée au lycée, je rentrais enfin à la maison ! Maison vide depuis le départ de ma génitrice… cette femme qui se disait être ma mère et qui prétextait m’aimer. Cette même femme qui du jour au lendemain à préférer jouer la carte de la lâcheté et nous à abandonner sans daigner nous regarder dans les yeux. Qu’elle crève seule si ce qu’elle souhaite ! Moi je m’en fous, c’est elle qui perd quelque chose dans l’histoire, pas moi. Quand je suis arrivée à la maison, j’ai soufflé et balancer mon sac dans l’entrée (les vieilles habitudes ne changent pas). Mais ça faisait déjà plusieurs années que je n’appelais plus personne en rentrant. De toute manière, papa rentrait après moi ; et Lillith, je n’avais pas vraiment besoin de lui dire « c’est moi », elle l’entendait rien qu’à ma façon de refermer la porte. Je suis allée directement dans la cuisine pour me servir un jus d’orange, et mon téléphone s’est mit à sonner.
« Allo ? » « Yo poupée ! » « Au revoir. » Et j’ai raccroché. Je sais parfaitement qui c’est : Bobby Eddington. Un abrutit de première qui est persuadé que toutes les filles craquent pour lui. Et sa dernière lubie en date ? Moi. Aujourd’hui il m’a fait une proposition indécente : il voulait, et je cite, « me dé fleurer josette. » Et c’est qui ça, Josette ? Je lui ai dé fleuré le visage avec mon poing, qu’on appelle aussi Roberto. Quel pauvre con ce mec ! Il a essayé de rappeler, je l’ai ignoré.
Quand je suis montée dans ma chambre, Lillith m’attendait bien sagement, assise sur mon lit, les traits tirés et l’air blafard. J’ai immédiatement imaginé le pire.
« Lith que se passe-t-il, ça ne va pas ? » Me suis-je exclamée en m’asseyant à côté d’elle et en passant mon bras autour de ses épaules. Elle a reniflé puis m’a regardé de ses yeux rougis. Pourquoi donc a-t-elle pleuré ? HAN ! Est-ce que cet enfoiré l’a plaqué ? Si c’est ça, j’vais lui défoncer sa jolie petite gueule de minaud et le castrer à vie, il verra qu’on ne rigole pas avec les sœurs McGillick !
« Je… » Elle sembla hésiter, alors pour la réconforter, je posais ma tête contre la sienne.
« Je suis enceinte… » Sa voix se perdit, mais malgré tout j’entendis parfaitement ces trois petits mots.
« Enceinte ? De qui ? » Lillith me jeta un regard plein de reproches.
« Oh oui, bien sûr, excuse-moi. Question rhétorique, rien de plus. » Elle baissa la tête et renifla.
« Comment c’est arrivé ? » « J’dois vraiment te faire un dessin ? » « Euh, non merci, ça ira. » Nous restâmes quelques instants dans le silence, chacune plongées dans nos pensées. Ma grande sœur était enceinte, j’allais être tata ! A seulement dix-huit ans, mais ça ce n’est qu’un détail futile et sans importance. Mais au fait, c’est une super nouvelle ! Pourquoi ne se réjouit-elle pas ?
« Mais Lith, ne pleure pas. Tu vas être maman ! C’est génial ! » Elle m’adressa un sourire sincère devant mon enthousiasme avant de rebaisser la tête et de renifler à nouveau.
« Estheban est partit… tu sais, pour sa carrière, son avenir professionnel… » « Quoi ? Il t’a laissé tomber au moment où t’as le plus besoin de lui ? Quel conna… » « Il n’est pas au courant. » Ma bouche resta ouverte, mes paroles en suspens dans le vide. Je fixais ma sœur du regard, assimilant doucement ce que je venais d’entendre.
« Dis-le-lui. » Finis-je finalement par dire au bout de quelques instants. Elle secoua la tête en signe de négation.
« Hors de question, son métier c’est tout ce qu’il souhaite depuis toujours ! Je ne peux pas lui arracher ça. » « Non t’as raison. C’est vrai qu’entre choisir un métier et un enfant, y a pas d’hésitations possible, c’est le métier direct. » Ironisais-je. Elle m’exaspérait parfois avec ses raisonnements bidon ! J’veux dire, merde quoi ! Il est le père de ce môme, il DOIT être là pour l’aider ! Lillith me jeta un regard plein de reproches.
« Laisse, tu ne comprends pas. Promets-moi juste de ne jamais prendre contact avec lui pour lui dire. » Je soufflais, franchement quoi, elle veut galérer avec son gosse ou quoi ?
« Promets-le-moi ! » « D’ac-cc-ord. » Dis-je en articulant lentement.
« Merci. » Ce fut plus un murmure qu’autre chose, mais l’étreinte qu’elle m’offrit me fit comprendre combien ça comptait pour elle. Et alors qu’au départ cette promesse ne signifiait rien pour moi, je me fis la promesse d’aider Lillith jusqu’au bout et de ne jamais la laisser tomber.
« Je te le promets. » Murmurais-je dans son oreille en lui caressant les cheveux.
« Lalalala au pays des Schtroumpfs, lalalala tout est merveilleux ! » « Merde arrête avec cette chanson ou je t’encastre la tête dans le mur ! » « Ohoh tout doux tigresse ! C’est la chanson du bonheur, elle porte chance. Cesse-donc d’être rabat-joie. » « QUOI ? Moi rabat-joie ? J’vais te… » « C’est pas ta sœur là-bas ? » Je tournais la tête en direction du lieu que me montrait Shiloh.
« Si, c’est elle. J’me demande ce qui… » Je laissais ma phrase en suspens. Lillith ne venait JAMAIS me chercher à la sortie du lycée. En plus de ça, elle avait l’air bouleversée… Et si… et si Estheban était revenu en ville ?! Peut être même qu’elle l’a vu et qu’il est au courant pour Zoe ?
« J’dois te laisser Shy, à demain ! » « Salut tigresse ! » « T’as gueule ! » « Héhéhéhé. Lalalala, où tout est merveilleux ! » « Argh ! » Il explosa de rire et s’éloigna rapidement pour éviter de se faire laminer. Puis j’allais retrouver ma grande sœur qui ne semblait réellement… pas bien du tout. Elle me prit juste dans ses bras mais ne me dit rien concernant la chose qui la rongeait. Lillith me prit simplement par la main et m’emmena jusqu’à l’arrêt de bus. Nous fîmes le chemin en silence, jusqu’à arriver à la maison. Mais je n’en pouvais plus de ce silence qui me tuait ! J’veux bien croire que quelque chose l’embête, mais de là à ne plus parler, faut pas déconner !
« Bon tu me dis ce qui se passe à la fin ou merde ? » Elle leva un regard surpris vers moi avant de s’affaler dans le canapé et d’éclater en sanglots. Fait chier.
Je m’asseyais prêt d’elle et la prenais dans mes bras.
« Désolée Lith, je ne voulais pas être blessante. C’est à cause d’Estheban c’est ça ? Il est revenu ? Il l’a vu ? » Elle secoua la tête et me fit un signe pour m’intimer de me taire.
« Mais alors quoi ? Merde j’aime pas ça Lith et tu le sais ! DIS-MOI CE QUI SE PASSE ! » Elle sanglota et finalement, elle cracha le morceau.
« Papa… il a eu… un accident… » Je ne bronchais pas. Je me doutais bien que ça devait être grave, pour que Lillith fonde ainsi en larmes. Mais voilà, je ne réagissais pas.
« Quel genre d’accident ? De voiture, de moto, de tondeuse à gazon, de vélo, de rollers, un accident piéton, d’agrafeuse, de… » « Julia, papa est décédé. » Voilà c’était dit. C’est pourtant pas compliqué de le dire, non ? Elle ne pouvait pas dès le début prendre un ton calme et clair et me dit que lui aussi était partit, et que maintenant nous étions orphelines. Tout simplement parce que notre connasse de mère était infichu de prendre son rôle au sérieux, et parce que la vie a semblé normal de nous arracher notre père. Pas la peine de chercher ses mots pour nous annoncer qu’il ne sera plus là.
« D’accord. » D’accord ? On me l’a déjà que j’étais une handicapée des sentiments, mais là Lilith va croire que ça ne me fait absolument rien. Mais j’suis désolée Lith, je ne peux pas pleurer. Et je ne veux pas non plus. Et de toute manière, combien même je le voudrais, les larmes ne viennent pas. Y a un truc qui s’est coincé en moi après le départ de maman, et la mort de papa n’y changera rien. Si je suis triste ? Bien sûr que oui, j’avais encore plein de choses à apprendre de lui, et je n’ai pas eu le temps de lui dire combien je l’aimais. Mais je n’arrive pas à pleurer… je ne peux pas afficher ma tristesse comme un peintre étale ses peintures sur une toile blanche. D’accord… c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit. Et je suis allée me faire un chocolat chaud. Je suis désolée Lillith…
« Tu dois être Julia ? » Je me retournais pour faire face à une femme de type asiatique au sourire charmant et rassurant.
« C’est moi. » Répondis-je en hochant la tête et en souriant à mon tour. Elle me fit un signe pour que je la suive. Je m’accrochais à mon sac (sans réellement savoir pourquoi) et la suivis à travers le bar. Elle me montra tout ce que je devais savoir, le numéro de chaque table, les menus, elle me présenta aux quelques personnes présentes qui seraient mes collègues.
« Tu travailleras surtout avec Gareth, vous avez les mêmes horaires. » « Gareth ? » « Ouais, il n’est même pas encore là d’ailleurs. » Elle regarda sa montre.
« Il ne devrait pas tarder. Toujours en retard ce mec ! » Tout en râlant à propos de ce fameux Gareth, elle partit en direction du bar. Je la suivis en trottinant jusqu’à ce qu’elle s’arrête brusquement et se retourne.
« Wow… euh au fait… » « Wanda. » « Wanda ! Je commence quand ? » « Oh ben ce soir ! Les vestiaires sont derrière cette porte, va poser tes affaires. » Puis elle m’abandonna. Environ une demi-heure plus tard, j’avais commencé à travailler, faisant des allers et retour dans la salle. J’étais appuyée contre le bar pendant un petit moment de répit, quand un mec se pointa devant moi en souriant. Plutôt beau garçon, le genre à en faire craquer plus d’une. Non pas parce qu’il éblouit d’une beauté à coupé le souffle, mais simplement parce qu’il a un sourire et un regard super sexy.
« Bonsoir mademoiselle, puis-je avoir une bière s’il vous plait ? » Il attendit que je le serve puis ajouta :
« Et je pourrais t’avoir dans mon lit ce soir ? » Il me lança un gros clin d’œil, et alors que j’allais répondre, Wanda intervint.
« Gareth fous-lui la paix et va bosser, t’es en retard ! » « Bien boss ! » Je restais quelques secondes sans bouger avant de tilter.
« Attends, c’est toi Gareth ? » « Ouais ma belle, c’est moi. Alors, je suis mieux ou moins bien que dans tes rêves les plus fous ? » « Pff… pauv’ con ! » M’exclamais-je avant de le planter là. Vous savez quoi ? Oubliez ce que j’ai dit à propos de la sexytude de ce mec, il est con et c’est tout !
« T’es qu’un connard ! Tu penses qu’à ta gueule ! Non toi tu la ferme ! Merde tu me fais chier sérieux ! J’aurais dû écouter Lillith, t’es qu’un merdeux et tu sais quoi ? Non je parle alors tu la ferme ! Trouve-toi une autre nana ! Et une qui n’sera pas pointilleuse sur la taille de préférence ! Ouais, exactement ! Parce qu’elle sera forcément déçue ! T’as rien à offrir ! Pauv’ con ! CONNARD !!!! » J’avais hurlé un peu trop fort sans doute… mais cet enfoiré m’énervait ! Et maintenant, c’est mon téléphone qui en payait les frais… En plus, ce connard c’était foutu de moi ! Et il avait eu le toupet de penser que ça ne me ferait rien ! J’ai perdu trois semaines de ma vie avec lui !
« Ah, t’as enfin largué ce crétin ? » Je sursautais en me retournant. Gareth me regardait avec un petit sourire en coin, comme toujours.
« Qu’est-ce que tu me veux ? » Il haussa les épaules et s’appuya contre un arbre.
« Oh rien. J’ai entendu crier, je suis venu voir. J’avais reconnu le doux son mélodieux de ta voix. » Dit-il en rigolant.
« Toi aussi t’es vraiment con ! Toujours en retard au travail, toujours à sortir que des conneries ! Tu te mêles de ce qui n’te regarde pas ! T’es un dégénéré congénital du cerveau ! T’es tombé sur la tête quand t’étais gosse et maintenant t’es tellement abruti que… » Gareth m’attrapa par la taille et m’embrassa, sans prévenir ni rien. J’avoue que je n’ai pas tout compris de ce qu’il se passait… J’ai mis du temps à réagir… J’ai même répondu à son baiser… et puis je l’ai repoussé en plaquant mes mains sur son torse.
« Ça va pas, qu’est-ce qui te prends ? » M’égosillais-je en tentant de garder un tant soit peu ma constance devant lui. Il me regardait fier de lui, avec son petit sourire satisfait de séducteur.
« Tu commençais à virer folle, j’ai pensé qu’il fallait t’aider à te calmer. » Il continue à me sourire comme s’il avait fait la plus parfaite des actions.
« Bon aller, on m’attend quelque part. Si jamais tu t’ennuies de moi, tu sais où me trouver ! » Et il est partit tout sourire sans attendre que je réagisse.
« Enfoiré ! » Ai-je hurlé. Mais c’était trop tard, Gareth était déjà trop loin pour m’entendre…
« Joyeux anniversaire ma princesse ! » Criais-je en tendant les bras vers Zoe qui sauta à ma rencontre. Je la fis voltiger dans les airs en rigolant de bon cœur avec elle. Avant de la reposer au sol.
« Tu sais que tu commences à être trop grande pour que je te porte ? » Lui dis-je en souriant.
« Faut dire qu’avec une mère comme la tienne, c’est pas étonnant. Tu sais qu’elle dépassait certains de ses copains à l’époque ? » Je me mis à rire en posant mes mains à des hauteurs différentes. La gauche, plus haute, pour imiter Lillith, et la droite bien plus bas pour imiter un quelconque garçon. C’était un peu mensonger, bien qu’il soit déjà arrivé que Lillith dépasse des mecs de quelques centimètres, même une bonne dizaine de centimètres.
« Maman c’est une géante. » Dit alors Zoe m’arrachant un éclat de rire.
« Tout à fait ! Elle est super grande, perchée sur de haaauuutes jambes. Et en plus de ça, elle met des talons ! » Zoe rit avec moi.
« Mais toi aussi t’es grande taty. » « C’est de famille chérie, c’est pour ça que je dis que tu n’y échapperas pas. » Lui dis-je en lui faisant un clin d’œil. Tout d’un coup, j’humais l’air en fronçant les sourcils.
« Ça sent pas le brûler ? OH MERDE LE GÂTEAU ! » Zoe mit ses mains devant la bouche dans un acte purement innocent. Tandis que moi, je m’élançais vers la cuisine. Ma nièce trottinant derrière moi.
« T’as dit un gros mot ! » Mais là je ne l’écoutais plus vraiment.
« T’approches pas du four. » M’exclamais-je en la repoussant d’un bras pendant que j’ouvrais le four. Mon gâteau avait commencé à cramer… pff, Lillith va encore dire que je suis une piètre cuisinière. Même pas fichue de faire cuire un simple gâteau. En le posant sur les plaques de cuissons, je pus constater les dégâts : immangeable.
« Bon et bien… on aura qu’à le donner aux canards. » Je lançais un sourire angélique à ma nièce qui tapa dans ses mains.
« Oh oui, j’adore les canards ! » Tant mieux alors, voilà un problème de réglé. J’attrapais ensuite mon téléphone et pianotait rapidement dessus pour envoyer un message à ma sœur, lui demandant d’acheter un gâteau quand elle reviendrait. Incident de parcours, ais-je prétexté comme excuse. Mais je sais bien qu’elle devinerait rapidement que j’ai encore foiré la cuisson. C’est aussi un truc de famille ça, de ne pas savoir faire la cuisine. Quoi que, maman était douée… tout comme elle a été très douée pour se barrer.
Quand Lillith rentra, elle me montra discrètement le gâteau qu’elle alla mettre au frigo pour le conserver. Et puis on entamait notre soirée McGillickienne, une spéciale quatre juillet en l’honneur de l’anniversaire de notre petite Zoe. Déjà six années qu’elle est venue au monde et qu’elle vit avec nous. Une petite merveille, elle irradie nos journées et je vois combien elle comble Lillith. Et c’est comme ça qu’on a passé notre soirée : à regarder des dessins animés qui ne plaisent qu’à Zoe (quoi qu’on adore les disney avec ma sœur, alors ça nous dérangeait pas, héhé), à manger des popcorns, des bonbons, des chips, des pâtes… et pour finir, on a ramené le gâteau sur lequel étaient posées ses six bougies. Elle a fait un vœu, qu’elle formule toujours à haute voix.
« Je souhaite que mon papa revienne. » Lillith m’a regardé avec cette tristesse dans le regard qui me bouleverse à chaque fois. J’ai juste envie de la prendre dans mes bras et de la serrer tout contre moi. Mais au lieu de ça, elle a sourit à Zoe et l’a encouragé à soufflé toutes ses bougies. La soirée s’est bien terminée, on a eu mal au bide, on est allées se coucher, et on a tout laissé trainé sur la table du salon parce qu’on avait la flemme de tout ranger et de tout nettoyer. Une soirée purement McGillickienne !
Il devait être plus de deux heures du matin, et je déambulais le long de la route… en talon et petite robe courte, plutôt sexy. J’avais passé la soirée avec des amis, à boire, à danser, à me déchainer… et puis au moment de partir, je me suis rappelée de la date… déjà deux ans que papa est mort. J’ai eu envie de passer faire un tour sur sa tombe. Combien même je ne suis pas en état de marcher… je m’en fiche, et puis je ne réfléchissais plus. Je m’étais assise devant cette pierre froide et j’avais commencé à parler, à lui dire ce que je ressentais, ce sentiment d’abandon que j’avais ressentit après sa mort, cette absence de larmes qui me ronge, et puis cette incapacité que j’ai de ressentir quelque chose de concret pour quelqu’un. Et j’ai bu, parce que j’avais amené une bouteille d’alcool avec moi. Je suis même incapable de dire quel alcool… un vin peut être, ou quelque chose de plus fort. Je ne sais plus… j’ai juste bu. Et puis quand je n’ai plus rien eu à dire, je suis simplement repartie. Et alors que je marchais le long de la route en titubant, sans cesser de boire ma misérable bouteille de… champagne peut être, une voiture s’est arrêtée à côté de moi.
« Qu’est-ce que tu fous là ? » Oh non pas lui !
« Dégage pobglkn ! » La fin de ma phrase est devenue très flou, je ne sais pas moi-même ce que j’ai voulu dire…
« T’es complètement défoncée, regarde-toi. Tu marches même plus droit. Aller monte, je te ramène. » « Oh non, j’ai pas b’soin de ton aide ! » Je faisais de grands gestes avec mes mains. Il a rit et est descendu de sa voiture pour s’approcher de moi.
« T’as plus les idées claires. Et si c’est pas moi qui t’aides, ce sera un mec louche qui voudra juste abuser de toi. » Je l’ai dévisagé de haut en bas avant de lui jeter un regard qui se voulait faussement étonner.
« Parce que c’est pas ce que tu veux, abuser de moi ? » Il m’a lentement déshabillé du regard, prenant pleinement conscience que ça me mettait terriblement mal à l’aise. Et puis avec un petit sourire en coin, il a ajouté,
« Non. » J’allais rétorquer qu’il n’était qu’un imbécile, mais il m’a attrapé et m’a forcé à rentrer dans sa voiture. Enfin forcé… c’est ce dont j’avais l’impression, je pensais résister et me débattre… mais mes forces me manquaient, et il s’est avéré qu’il m’a installé sur le siège passager avec une facilité déconcertante. Il a vite fait le tour pour s’installer à sa place et on s’est retrouvé en ville.
« T’habites où ? » Ah oui, c’est vrai qu’il ignore encore où je vis. J’ai détourné la tête.
« J’te dirais pas. » Puis je terminais ma bouteille. Non, j’ai encore soif !
« Donne-moi ça ! » Il m’a pris la bouteille des mains et l’a balancé derrière après avoir constaté avec étonnement qu’elle était déjà vide.
« Tu veux pas me dire où tu vis ? » « Non, t’es un détraqué sexuel ! » « C’est ça… » A-t-il répondu en rigolant à s’en tenir les côtes. Visiblement je le faisais rire, ce qui avait le don de m’énerver plus encore. Je croisais les bras sur ma poitrine en m’enfonçant dans le siège.
« Bon, et bien on va chez moi. » Je tournais vivement la tête vers lui, mais après avoir vu son visage de satisfaction (il s’attendait certainement à ce que je réplique) je me contentais de regarder le paysage par la fenêtre.
Je ne me souviens pas bien du reste, j’ai le souvenir de m’être bagarré avec lui pour pouvoir dormir dans son lit et pas dans le canapé. Mais après ça… le trou noir. Je me suis juste réveillée en fin de matinée avec un mal de tête abominable. Je me suis redressée dans le lit et le drap a glissé… je n’avais plus ma robe et j’étais simplement en sous-vêtements. Je jetais un regard autour de moi, mais je n’arrivais simplement plus à me situer… où étais-je ? Je me suis levée et j’ai attrapé mon téléphone posé sur la petite table de chevet. Presque onze heures…
« Hm, j’adore ce genre de spectacle dès le matin, c’est toujours très agréable. » J’ai poussé un petit cri et j’ai attrapé le drap avec lequel je me suis immédiatement recouverte.
« Qu’est-ce que tu fais là ? » Ai-je crié sans réussir à masquer ma panique.
« J’habite ici, aux dernières nouvelles. » J’ouvrais des yeux tout ronds. Quoi ? Je suis chez Gareth ? Et puis là j’me suis rappelée ! Il m’avait récupéré sur le bord de la route et j’ai refusé de lui dire où je vis… J’ai commencé à me sentir très mal en me demandant s’il s’était passé quelque chose… surtout que Gareth n’était vêtu que d’un simple boxer. Je me suis maladroitement mordue la lèvre inférieure alors que mon regard s’attardait sur son corps.
« Pas la peine de te cacher, ton petit show d’hier soir m’en a montré bien plus. » Dit-il avec un sourire plein de sous-entendus.
« Quoi ? » Mais qu’est-ce qui s’était passé bon sang ? Il s’approcha lentement de moi, réduisant petit à petit la distance qui se trouvait entre nous.
« Et je dois dire que tu es une fille incroyablement… sensuelle… » Il prenait une voix suave et ses yeux s’attardaient sur mes courbes malgré le drap qui me cachait.
« Stop, arrête ça ! » Ai-je dit en plaquant ma main sur son torse alors qu’il faisait un énième pas qui nous rapprochait de trop, à mon goût.
« Il s’est passé quoi ? » Ma voix trahissait de trop mon anxiété. S’il s’était passé quelque chose avec lui, je n’avais plus qu’à me jeter sous un train.
« Et bien, tu t’es déshabillée sensuellement… et puis… » Il fit glisser ses doigts le long de mon bras, ce qui m’arracha un frisson, malgré moi.
« Tu t’es installée sur ce lit et ensuite… » Il rapprocha ses lèvres des miennes sans pour autant les toucher, et me regardait directement dans les yeux.
« Tu t’es endormie. » Mon souffle jusqu’à alors coupé s’est relâché et je l’ai poussé violemment.
« Toi alors t’es trop con ! J’ai vraiment eu peur ! Espèce d’obsédé ! Pauvre crétin ! Pourquoi t’as été me faire croire un truc pareil ? Idiot !! » Gareth me regardait en rigolant, mais il ne faisait rien pour m’arrêter. Comme si mes coups ne l’atteignaient pas. Il rigolait juste, sans me lâcher du regard.
« Tu me saoules ! » Ai-je alors hurlé, m’égosillant en le tapant une fois encore. Il a alors posé sa main derrière ma nuque et m’a attiré contre lui, m’embrassant à pleine bouche. J’aurais voulu le repousser… mais je n’en ai pas trouvé la force… au lieu de ça, mes mains se sont attardées sur son visage, se sont baladées sur son torse. Et quand il m’a relâché, je l’ai regardé le souffle court, mettant quelques instants à reprendre mes esprits.
« Je dois partir. » J’ai attrapé ma robe que j’ai enfilée rapidement, et mes chaussures. Puis j’ai glissé mon téléphone dans mon sac et alors que j’allais sortir, je me suis retournée vers Gareth qui me regardait avec un sourire satisfait.
« On se revoit bientôt ? » J’ai poussé un soupir rauque de mécontentement.
« Jamais ! » Et je me suis sauvée à toutes jambes. Aidez-moi, je crois que je ressens une attirance physique pour le mec que je déteste le plus, et qui est aussi mon collègue. J’vais être obligée de le revoir… ma vie est un enfer !